lundi 4 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 2

Après la première nuit, j'étais partagé entre le plaisir d'avoir vu une aurore boréale, et la frustration de ne pas avoir réussi la prise de vue, en photographie comme en timelapse.


Lorsqu'on voit un tel phénomène pour la première fois, on hésite à passer son temps à régler le matériel, les yeux vers le bas, alors que le spectacle se trouve au-dessus de nous. J'ai déjà montré une des images que j'ai faites ce soir là dans mon dernier post, voici maintenant la vidéo:



Le problème auquel j'ai été confronté avec cette prise de vue, c'est le manque de lumière. Jusqu'à maintenant, je n'avais pas fait de timelapse de nuit, encore moins en l'absence de lune. Avec le Canon 500D, qui est un APS-C, la plus grande ouverture dont je peux disposer pour un grand angle adapté au paysage est f/2.8, c'est celle que j'avais. Pour un timelapse, la durée entre deux clichés va déterminer l'accélération de l'action : 1s pour obtenir 45 min défilant en 90s, 2s pour 1h30 en 90s et ainsi de suite. Avec si peu de lumière, même à f/2.8 et 3200ISO, 3 secondes de pause ne me permettaient pas d'avoir une image suffisamment lumineuse. Je ne pouvais ni ouvrir plus, ni monter en ISO, car le 500D aurait eu trop de bruit. Pour le temps de pause, 2.5s était un maximum. Cela signifiait 3s entre les clichés, le temps de laisser l'appareil enregistrer le fichier. Avec 3 secondes entre les images, 2h15 allaient défiler en 90s sur la vidéo finale, c'était déjà très rapide.
Ainsi, le timelapse n'a pas donné le résultat escompté, tout comme les photographies.

Après avoir passé une partie de l'après-midi à écrire pour ce blog, je suis allé à la nuit tombée faire quelques photographies de la ville.


La météo prévoyait pour le soir un temps clair, et l'institut de géophysique d'Alaska un Kp=2, soit une activité solaire basse mais néanmoins présente. Je décide donc de partir vers le nord, dans une direction opposée à celle de la veille, afin de trouver un endroit avec un horizon ouvert au nord et le moins de lumières possible.


Les habitations de Tromsø ont un nombre et des tailles de fenêtres bien au dessus de ce que nous avons l'habitude de voir en France. Lorsqu'une de nos maison aura deux fenêtres sur sa façade, la même là-bas verra l'espace entre elles utilisé pour en placer une troisième. Il est également très répandu d'avoir dans son salon une immense baie vitrée, souvent sans rideaux, allant du sol au plafond.

Après environ une demi heure de route, à la faveur d'un portion de celle-ci non bordée de réverbères, et avec seulement une maison éclairant les alentours, je me suis arrêter pour terminer à pied en direction du rivage. Pas de timelapse cette fois-ci, je préférais ne pas perdre de temps avec l'installation et la gestion d'un deuxième système de prise de vue, qui n'avait d'ailleurs pas fait ses preuves.

Avant même d'arrêter la voiture, je pouvais voir plein nord cette tâche verte laiteuse que je connaissais depuis la veille. Le spectacle allait commencer. Je pris mes deux trépieds ainsi que mes deux boitiers : 500D avec 10mm f/2.8 et 6D avec 16-35mm f/2.8.
Dès les premiers clichés, le résultat était là. Le ciel était clair, je savais désormais que je n'avais pas fait trois mille kilomètres pour rien.


L'aurore boréale dessine à l'échelle de la terre un cercle. Lorsqu'on se trouve à un endroit donné, avec un horizon, ce cercle prend la forme d'une immense arche. Je n'avais pas de 8mm pour capturer cette arche dans son intégralité, et je ne suis pas non plus adepte des focales aussi courtes. Voici donc l'autre partie de l'arche, celle s'étendant vers l'ouest.


Je m'excuse au passage pour le manque de post-traitement de ces clichés, je n'ai qu'un netbook avec moi, et trop peu de temps pour faire sur mes fichiers RAW le travail que je pourrais accomplir à Toulouse.
Après quelques minutes, alors que je suis déjà estomaqué par le spectacle, la partie est de l'arche se modifie. Le phénomène prend de l'ampleur.


Peu à peu, ce que l'on identifiait bien comme une arche se divise, et occupe un espace toujours plus grand dans le ciel. Il n'y a plus d'arche mais des dizaines de draperies aux mouvements lents. Ces déplacements sont dans l'ensemble plus lents que ceux que j'avais vu la veille à travers les nuages, mais il y en a tellement.


La partie est se multiplie aussi. L'arche initiale laisse place à de multiples colonnes de lumières.


Ensuite, c'est tout le ciel qui s'embrase, il n'y a plus d'arche, plus de phénomène à l'est ou à l'ouest, mais dans tout l'espace qui s'étend au dessus de moi. Les avions continuent de survoler la zone, laissant leur trace dans le ciel.


Enfin, l'aurore baisse en intensité. Le phénomène est fixe par rapport au centre de la terre, si bien que la rotation de celle-ci nous y a fait entrer, puis nous en fait sortir. Les objectifs de mes appareils se sont embuées, j'ai perdu une des vis d'un des trépieds, cela fait presque deux heures que je suis en chaussures de randonnée dans la neige, par -5°C, mais quel spectacle!

Au regard des photos ci-dessus, je me dois d'ajouter que les couleurs sont moins impressionnantes en réalité que sur les clichés. L'appareil parvient à capturer des nuances de rouge et de violet, mais l'oeil reste incapable de les voir. Pour l'observateur sur place, l'aurore boréale est entièrement verte, mais son mouvement, si difficile à rendre en vidéo, ainsi que son envergure dans le ciel, en fait un phénomène vraiment très impressionnant à voir.

La troisième journée, dont vous aurez le résumé demain, a été consacré au repos. La météo n'étant pas favorable, et l'activité solaire faible, j'ai préféré préparer la suite de la semaine, mais quelle suite!
Jeudi est annoncé comme un pic d'activité solaire de niveau 4, alors que les images ci-dessus ont été faites avec un niveau 2. Je pense que je vais monter vers le nord, 5h de voiture et 400km pour rejoindre Alta, car le temps y semble être plus favorable pour cette fin de semaine. Je franchirais à cette occasion le 70ème parallèle, à 2128km du pôle nord.

Un grand merci à ceux qui me suivent, car c'est ce qui me donne envie de raconter mon voyage. Restez connectés les jours qui viennent, l'aventure pourrait se révéler encore plus riche.

2 commentaires:

  1. Bel article, Ekhinos.
    Ca donne envie de découvrir ce phénomène.

    Manuel

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    1. Merci, c'est en effet quelque chose à voir une fois dans sa vie

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